Importations de pétrole étranger au Canada : 477 milliards de dollars entre 1988 et 2019

Le Canada a importé en 32 ans une moyenne de 749 000 barils de pétrole par jour, entre autres des États-Unis, de la Russie et de l’Arabie saoudite

By Lennie Kaplan, Mark Milke and Germain Belzile
Getty Images photo.

Aperçu

Même si le Canada fait partie des principaux producteurs de pétrole au monde, avec la troisième plus grande réserve de pétrole, les importations de pétrole brut au pays sont devenues une part importante du bouquet énergétique du
Canada, notamment depuis 2000.

Dans cette fiche d’information (une version PDF peut être téléchargée ici), nous avons utilisé les renseignements de la Base de données sur le commerce international canadien de Statistique Canada pour suivre les flux d’importation de pétrole (c.-à-d. l’huile de pétrole, les huiles obtenues à partir des matériaux bitumineux, le pétrole brut) au Canada entre 1988 et 2019. Ensuite, nous avons analysé la source de ces importations par pays avant de faire une ventilation des importations de pétrole par province et une ventilation des chiffres de 2010 à 2019. Puis, nous avons comparé la valeur des importations de pétrole brut à d’autres importations pour donner un sens aux quantités importantes de pétrole brut¹.

En bref :

  • Entre 1988 et 2019, le Canada a dépensé 477 milliards $ en importations de pétrole étranger.
  • Le Québec est de loin le plus grand importateur de pétrole étranger au Canada, avec 225 milliards $ d’importations de pétrole étranger depuis 1988.
  • Entre 2010 et 2019, les importations de pétrole du Canada ont totalisé 100 milliards $, et ce, uniquement des ÉtatsUnis et de l’Arabie saoudite.
  • La valeur des importations de pétrole étranger par ménage s’est établie à 1 021 $ pour le Canada en 2016.
  • La valeur des importations de pétrole s’est établie en 2016 à 1576 $ par ménage au Québec.

 

1. Plusieurs facteurs expliquent le niveau des importations de pétrole brut étranger au Canada, y compris le type de pétrole qu’une raffinerie peut traiter et les contraintes constantes présentées par les oléoducs. Dans cette fiche d’information, nous ne préconisons aucune orientation « pour » ou « contre »; notre objectif est de fournir des données concrètes pour informer le public et alimenter le débat politique.

Le Canada a importé plus de 8,7 milliards de barils de pétrole étranger depuis 1988

Entre 1988 et 2019, le Canada a importé plus de 8,7 milliards de barils de pétrole brut auprès d’autres pays, soit une moyenne de près de 749 000 barils par jour pendant cette période. Les importations de pétrole brut au Canada ont plus que doublé entre 1988 et 2008, pour passer de 148 millions de barils à près de 329 millions de barils par an. Depuis 2008, les importations de pétrole brut au Canada ont chuté d’environ 27 %, mais à près de 241 millions de barils en 2019, elles restent supérieures de près de 62 % par rapport au niveau de 1988.

Valeur des importations de pétrole étranger de 1988 à 2019 : 477 milliards $ en dollars courants / 587 milliards $ en dollars de 2020

La valeur des importations de pétrole brut étranger au Canada a crû graduellement entre 1988 et 1999 pour atteindre 6,9 milliards $ en 1999. Les importations de pétrole brut étranger ont ensuite presque doublé pour atteindre 13,7 milliards $ en 2000 et ont continué à augmenter de façon constante pour atteindre près de 34 milliards $ en 2008 (voir la figure 1). Elles ont considérablement diminué pour atteindre 21 milliards $ en 2009, ce qui a coïncidé avec la Grande Récession, mais la croissance a repris pour atteindre 29,8 milliards $ en 2012.

Malgré la baisse des prix du pétrole brut observée à partir de 2014, la valeur des importations annuelles de pétrole brut
étranger au Canada s’est maintenue à plus de 14 milliards $ au cours des cinq dernières années, y compris près de 19 milliards $ en 2019.

Au total, entre 1988 et 2019, le Canada a dépensé 477 milliards $ pour importer du pétrole brut étranger auprès de pays comme l’Arabie saoudite, l’Irak, la Russie, l’Azerbaïdjan, le Nigéria, l’Algérie, l’Angola, le Venezuela et le Kazakhstan ainsi que le Royaume-Uni, la Norvège et, plus récemment, les ÉtatsUnis. En tenant compte de l’inflation, le Canada a dépensé 587 milliards $ (dollars de 2020) pour importer du pétrole brut étranger entre 1988 et 2019

Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Importations de pétrole étranger par province : le Québec au premier rang avec 225 milliards $

Entre 1988 et 2019, les importations de pétrole brut étranger des provinces ont été les plus élevées au Québec (225 milliards $), qui précède le Nouveau-Brunswick (129 milliards $), Terre-Neuve-et-Labrador (près de 51 milliards $), la Nouvelle-Écosse (28 milliards $) et l’Ontario (près de 20 milliards $) (voir la figure 2a).

La manque de pipelines entre l’Ouest canadien et les provinces à l’Est est une des raisons pour lesquelles l’Ontario, le Québec et les provinces de l’Atlantique dépendent des importations de pétrole étranger. Cette situation perdure malgré l’inversion/expansion de l’oléoduc 9B d’Enbridge en 2015, qui a permis aux raffineries de l’Ontario et du Québec d’obtenir plus de pétrole de l’Ouest canadien. Historiquement, la raffinerie Irving Oil du Nouveau-Brunswick a également compté sur les importations de pétrole étranger.

Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Importations de pétrole étranger par ménage

En combinant les données du Recensement de 2016 à la valeur des importations de pétrole étranger cette année-là, on peut établir une comparaison par ménage (voir la figure 2 b).

  • En 2016, la valeur des importations de pétrole étranger pour tout le Canada s’élevait à un peu moins de 14,4 milliards $. De ce montant, la part du Québec était de près de 5,6 milliards $. Au total, le Canada comptait presque 14,1 millions de ménages en 2016, et plus de 3,5 millions de ces ménages se trouvaient au Québec.
  • La valeur des importations de pétrole étranger (la moyenne nationale) s’élevait à 1 021 $ par ménage sur la base d’une moyenne nationale (y compris le Québec).
  • En comparant la valeur des importations de pétrole étranger au Québec en 2016 avec le nombre de ménages au Québec, la valeur des importations de pétrole étranger au Québec était de 1 576 $ par ménage.
Sources : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises et Recensement de 2016 de Statistique Canada.

Importations de pétrole brut étranger par pays de 1988 à 2019

Le Canada a importé du pétrole brut étranger depuis plusieurs pays au cours des trois dernières décennies (voir la figure 3). Entre 1988 et 2019, les cinq plus grands exportateurs de pétrole brut étranger au Canada étaient, par ordre d’importance, les États-Unis (85,9 milliards $), la Norvège (78,7 milliards $), le Royaume-Uni (62,5 milliards $), l’Algérie (58,8 milliards $) et l’Arabie saoudite (42,9 milliards $).

Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Fournisseurs historiques de pétrole au Canada : le Royaume-Uni, la Norvège et le Nigéria

  • Le Royaume-Uni a été par le passé une source importante de pétrole brut étranger pour le Canada; la valeur des importations annuelles depuis de ce pays avait atteint 5,2 milliards $ en 2008 avant de chuter au cours de la décennie actuelle, en raison du déclin de sa production de pétrole.
  • La Norvège a également été une source significative de pétrole brut étranger pour le Canada, avec des importations de plus de 5,6 milliards $ en 2008, qui ont chuté avec la Grande Récession de 2009 et le déclin du prix du pétrole brut qui a commencé en 2014.
  • Le Nigéria a été une autre source majeure de pétrole brut étranger pour le Canada, les importations ayant atteint un sommet de 2,4 milliards $ en 2011 avant de chuter à 273 millions $ en 2019.
  • Le Venezuela a été une source de pétrole brut étranger pour le Canada entre 2000 et 2007, mais les importations depuis le Venezuela ont chuté à presque zéro à partir de 2008.
  • L’Algérie a émergé en tant que source importante de pétrole brut étranger pour le Canada entre 1999 et 2014, les importations ayant atteint un sommet de près de 7,7 milliards $ en 2007, avant de chuter à zéro en 2015.
  • D’autres pays comme l’Azerbaïdjan, l’Angola et le Kazakhstan ont également été des sources de pétrole brut pour le Canada, principalement entre 2008 et 2014.

Depuis 2004, l’Arabie saoudite a émergé comme une source croissante de pétrole brut étranger au Canada. Les États Unis ont également augmenté leur part en tant que source majeure de pétrole brut étranger après 2007 lorsque leur production de pétrole de schiste a commencé à monter en flèche.

De 2010 à 2019 : Une plus grande dépendance envers les États-Unis et l’Arabie saoudite

La diversité des sources de pétrole brut étranger au Canada s’est amoindrie au fil du temps, particulièrement durant la dernière décennie. Entre 2010 et 2019, la valeur totale des importations de pétrole au Canada se situait à 219,6 milliards $. Les importations de pétrole des États-Unis ont représenté 75,4 milliards $, suivies des importations de l’Arabie saoudite, qui se sont élevées à 24,9 milliards $, soit plus de 100 milliards $ d’importations de pétrole étranger au Canada depuis ces deux seuls pays (voir figure 4).

Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Importations de pétrole brut étranger en comparaison avec les importations d’autres secteurs clés de 2010 à 2019

Le Canada a dépensé près de 220 milliards $ en importations de pétrole brut étranger de 2010 à 2019 (voir la figure 5). Ce montant est :

  • supérieur aux presque 171 milliards $ dépensés par le Canada pour la somme de l’agriculture, la pêche et les importations de produits alimentaires intermédiaires.
  • plus élevé que les près de 185 milliards $ dépensés par le Canada pour l’importation d’avions ainsi que d’autres équipements et pièces détachées pour le transport.
  • tout juste inférieur aux 230 milliards $ dépensés par le Canada pour les importations de produits forestiers et de matériaux de construction et d’emballage.
Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Une vue d’ensemble de 2019 : 89 % des importations de pétrole depuis les États-Unis et l’Arabie saoudite

En 2019, les États-Unis étaient la plus grande source de pétrole brut étranger du Canada, avec des importations de 13,8 milliards $ depuis ce pays, suivis par l’Arabie saoudite, avec près de 3,1 milliards $ (voir la figure 6). Ensemble, ces deux pays représentaient environ 89 % de toutes les importations de pétrole au Canada, soit 16,9 milliards $ sur un total de 19 milliards $ en 2019. D’autres pays suivaient loin derrière, comme la Russie (555 millions $), la Norvège (314 millions $), le Royaume-Uni (295 millions $), le Nigéria (273 millions $) et l’Azerbaïdjan (272 millions $).

Source : Base de données sur le commerce international canadien de marchandises de Statistique Canada.

Ce qu’il faut retenir

Les importations de pétrole brut étranger au Canada ont augmenté au cours des deux dernières décennies et leur valeur reste élevée (19 milliards $ en 2019), et ce, malgré la baisse du prix du pétrole brut amorcée en 2014.

Même si le Canada est un des leaders mondiaux en matière de réserves et de production de pétrole brut, 477 milliards $ ont été dépensés entre 1988 et 2019 pour acheter du pétrole étranger de pays comme l’Arabie saoudite, la Russie, l’Azerbaïdjan, le Nigéria, l’Algérie, l’Angola, le Venezuela et le Kazakhstan ainsi que le Royaume-Uni, la Norvège et, plus récemment, les États-Unis.

Le Québec est le plus important importateur de pétrole étranger (47 % du total canadien), avec 225 milliards $ entre 1988 et 2019.

La valeur des importations de pétrole étranger par ménage, selon les données du Recensement de 2016, était de 1 021 $ (à l’échelle nationale, y compris le Québec) et de 1 576 $ par an par ménage au Québec.


 

Remarques :

La présente fiche d’information du CCE a été compilée par Lennie Kaplan et Mark Milke du Centre canadien de l’énergie (www.canadianenergycentre.ca) ainsi que Germain Belzile. Les auteurs et le Centre canadien de l’énergie tiennent à remercier Philip Cross pour son aide dans la révision des données et des recherches pour cette fiche d’information. Source des images : Vue aérienne d’un navire-citerne de Morten Falch Sortland de Getty Images.

Au sujet du Centre canadien de l’énergie :

Le Centre canadien de l’énergie a comme mandat de faire la promotion du Canada comme fournisseur de choix pour faire face à la demande mondiale croissante en énergie produite de façon responsable. Il s’agit d’une société provinciale indépendante qui est principalement soutenue par le fonds Technology, Innovation and Emissions Reduction (TIER) du gouvernement de l’Alberta, financé par l’industrie. www.canadianenergycentre.ca

Sources (tous les liens étaient fonctionnels en date du 21 août 2020) :

Statistique Canada (sans date). Base de données sur le commerce international canadien de marchandises. <https://bit.ly/34H6vRc>; Statistique Canada (sans date). Tableau 12-10-0133-01 Commerce international de marchandises du Canada par province et pays, et par section de produit, sur une base douanière, annuel <https://bit.ly/2DcN0F0>. Statistique Canada (2017). Familles, ménages et état matrimonial – Faits saillants en tableaux, Recensement de 2016 <https://bit.ly/34IHd5t>; U.S. Energy Information Administration (2020). International, Petroleum and other liquids, <https://bit.ly/2QeWang>.

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